
J’ai lu Les Bienveillantes de Jonathan Littell sur les conseils de mon beau-frère.
Tout d’abord, pour poser le décor rapidement : c’est un roman (ce qui est bien précisé sur la couverture) qui retrace le parcours d’un officier SS durant la Deuxième Guerre. Le livre est écrit à la première personne.
Et je suis très mitigée sur le fond… Je ne sais pas trop par où commencer.
Par contre, je suis catégorique sur la forme : il faut vraiment s’accrocher. L’édition que j’ai lue comporte près de 900 pages avec une police petite (ça n’est pas le problème) d’un texte extrêmement dense visuellement avec des paragraphes qui font plusieurs pages. Même les dialogues sont intégrés dans les pavés entre des guillemets sans retour à la ligne. J’aurais de loin préféré deux volumes et un texte plus aéré. Au moins, on en a pour notre argent et le papier n’est pas gaspillé…
Quant au contenu, je crois que ce qui m’a dérangée c’est que ce livre ressemble fortement à une autobiographie, tant par le choix de la première personne, que par les descriptions interminables de certains faits. Je regrette que l’auteur ne parle à aucun moment de ses sources (par ailleurs très complètes), ça aurait pu être fait en préface ou postface. Ce qui accentue mon malaise par rapport à mon sentiment d’avoir affaire à un usurpateur. Peut-être que cette sensation d’illégitimité de l’auteur a également été renforcée par certains passages plus ennuyeux à lire qu’un documentaire.
J’ai pourtant bien aimé le début, mais plus la lecture avançait, plus je me demandais ce qui me poussait à vouloir terminer ce roman.
Je ne parlerai même pas des 100 dernières pages qui ne sont finalement qu’une longue suite de fantasmes graveleux dont je n’ai pas bien compris l’utilité. D’autant que j’avais déjà été très bien servie par les nombreux passages relatifs à la part délinquante sexuelle du narrateur.
Quelques dates, de temps à autre dans le récit, n’auraient par ailleurs rien gâché pour comprendre un peu mieux le contexte.
Et j’ai trouvé les quelques mots d’allemand disséminés ci et là (hormis les grades et noms techniques) franchement déplacés, comme dans «la circulation des véhicules est verboten». Je ne vois pas ce que ça apporte et si on ne parle pas allemand, ça doit être énervant.
J’ai malgré tout apprécié certains points de vue développés par le narrateur ou ses interlocuteurs.
Par contre, je ne suis pas d’accord avec la comparaison qui est faite en quatrième de couverture avec Vie et Destin de Vassili Grossman. Les points communs se retrouvent dans l’épaisseur du livre et le sujet traité. Pour ma part, ça s’arrête là.
Après avoir emprunté le livre, j’ai vu qu’il avait reçu le Prix Goncourt et le Prix du Roman de l’Académie française. Décidément, ça confirme une fois encore que je n’apprécie pas les mêmes lectures que les professionnels de la branche…
Bref, un livre aussi lourd à lire sur le fond que sur la forme.